Tout savoir sur l'application mobile GOSSIP

L'application mobile GOSSIP se classe dans la catégorie des applications mobiles de réseau social anonyme. Conçue par une française, elle a été lancée le mois dernier (mai 2015) et a immédiatement été l'objet d'une levée de boucliers en France.

Le principe de l'application mobile GOSSIP

L'application mobile GOSSIP tire son nom du terme anglais gossip qui signifie ragot, rumeur, racontar. L'application mobile GOSSIP s'inspire de la série télévisée Gossip Girl. Dans cette série américaine, des étudiants américains des quartiers de l'Upper East Side (quartier privilégié de New-York) sont tous accros d'un blog anonyme qui diffuse des potins sur leur communauté. L'application mobile GOSSIP permet de partager de manière anonyme, des rumeurs éphémères au sein d'un groupe de personnes qui se connaissent. Et là se trouve le paradoxe : les personnes du groupe se connaissent, mais la rumeur est postée anonymement. Cette application mobile se positionne dans les applications de réseau social anonymes qui font fureur depuis 2-3 ans chez les 15-25 ans. Ces applications mobiles font fureur mais font également peur. En juin dernier nous avions déjà étudié ce phénomène paradoxal d'attirance/peur qui caractérise ces applications mobiles de réseau social anonyme.

Panorama des applications mobiles de réseau social anonyme

Sneeky

Sneeky est une application mobile qui permet d'envoyer des photographies à ses contacts, sous couvert d'anonymat. Une application mobile qui vise la catégorie des plus jeunes (15-25 ans) : ça leur permet de communiquer intimement avec leurs amis, d'établir des dialogues suivis dans le temps au travers des photos échangées, tout en faisant tomber la barrière de l'inhibition. Problème au démarrage de cette application mobile : aucun intérêt si son groupe de contacts n'a pas téléchargé cette application, puisqu'il n'est pas possible de l'utiliser avec des inconnus.

Secret

L'application mobile Secret est définie de manière imagée par son co-fondateur David Mark Byttow comme une sorte de bal masqué : on connait la liste des invités, mais on ne sait pas à qui imputer les propos. Le résultat est une plus grande liberté de ton que sur les réseaux sociaux classiques comme Facebook ou Twitter. Partant de cet anonymat partiel, la dynamique de groupe peut très vite déraper et transformer cette application mobile en un amplificateur de ragots et autres rumeurs infondées. Fin avril 2015, l'équipe qui préside aux destinées de l'application a décidé de fermer celle-ci et de rembourser les investisseurs. Les raisons invoquées sont la chute des utilisateurs suite au redesign de l'application d'une part et le départ des développeurs (50% des développeurs auraient quitté l'équipe dans les dernières semaines).

Whisper

L'application mobile Whisper (=murmure en anglais) permet de poster anonymement une photo accompagnée de quelques mots de texte. Contrairement à Sneeky, la diffusion du post est très large : tout le monde peut le voir. De plus, si ce post est populaire (votes comme sur Instagram), il va se retrouver en 1ère page du site. La population des utilisateurs de Whisper est à 7/10è féminine et pour 90% ils appartiennent à la classe d'âge 18-25 ans.

Yik-Yak

L'application mobile Yik-Yak est une application mobile classée dans les SoLoMo ou on peut poster, anonymement ou sous pseudonyme, des Yak (message texte de 250 caractères). On voit les messages postés dans son environnement local comme sur un tableau d'affichage, et on peut voter pour/contre le meilleur yak.

Ask.fm

Ask.fm est un réseau social semi-anonyme sur lequel on peut poser anonymement des questions à des personnes qui sont identifiées. Ce réseau social a été l'objet de critiques durant l'été 2013 car une adolescente y a été si durement harcelée qu'elle s'est suicidée. Suite à cette affaire, Le Premier Ministre britannique, David Cameron, a demandé au boycott de ce réseau social. Le site a du prendre des mesures adéquates afin de pouvoir faire face à ses contradicteurs : mise en place de règles de modération beaucoup plus poussées.

Voycee

Voycee est une application mobile de réseau social éphémère mais pas anonyme : elle permet de ne conserver que le dernier post de chacun de ses contacts. Pas d'historique, pas d'ancien post.

Une levée de boucliers

Quelques jours après sa sortie, l'application à fait l'objet de critiques et de polémiques, avec des prises de position des politiques et des syndicats étudiants qui se sont auto-saisis du dossier. Le syndicat étudiant FIDL, est le plus virulent des protagonistes à propos de cette application mobile. L'accusant ouvertement d'inciter les jeunes au harcèlement. Dans un français approximatif, vecteur d'une pensée confuse, la FIDL a diffusé un communiqué de presse en date du 3 juin dernier, dans lequel elle fustige l'attitude trop empreinte de retenue de la part de la Ministre de l'Éducation Nationale : « En claire, si nous suivons sa réflexion, la Ministre compte laisser les lycéens partager des contenus qui porteront atteinte à d’autres lycéens, sans forcément qu’ils soient au courant de la gravité et de l’illégalité de leurs actes. » Si j'ai bien compris, on a le droit de harceler, pour cela il faut juste qu'il y ait écrit sur la plateforme d'échange que c'est du harcèlement !

Dans les propos des adversaires les plus jusqu'au-boutistes, le vecteur par lequel s'opère le harcèlement est confondu avec l'auteur de harcèlement. Ainsi ce n'est plus la personne qui se rend coupable de propos harceleurs qui est responsable de son attitude mais le vecteur par lequel passe ce harcèlement. Je me demande d'ailleurs pourquoi la FIDL ne demande pas la fermeture immédiate des cours de récré. Car autant il est simple de ne pas télécharger l'application mobile GOSSIP afin de ne pas en être victime, autant pour le harcèlement qui a lieu au sein des cours de récré ça va être plus difficile à gérer.

Au ministère de l'enseignement, on est plus pragmatique : les enseignants n'ont pas à s'immiscer dans le contenu du cartable des lycéens. La Ministre, dans un communiqué de presse en date du 3 juin, rappelle cependant que « 700 000 élèves souffrent de harcèlement, la ministre considère la lutte contre le harcèlement scolaire comme l’une des priorités de son action. »

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