25 janvier 2012

La polémique Free Mobile enfle

Free Mobile
Quelques heures après le lancement effectif de Free Mobile (12 janvier) des rumeurs sont apparues. De provenances diverses (concurrents et syndicats des concurrents), toutes incriminaient Free Mobile dans des domaines aussi variés que la concurrence faussée, la suppression des emplois, la destruction de valeur ... En voici une synthèse, avec contre-argumentation si besoin.






L'ouverture du réseau de Free Mobile

Cette polémique a été révélée par Le Figaro, qui dans un article en date du 16 janvier 2012, se faisait l'écho des opérateurs de téléphonie mobile. En effet, toujours selon Le Figaro, ces derniers soupçonneraient Free Mobile de ne pas avoir allumé son réseau mobile. Aussi, certains opérateurs auraient décidé d'envoyer des huissiers dans les rues de Paris afin de constater l'absence de réseau Free Mobile.

Le contre-argument régulièrement avancé par Free Mobile est que l'ARCEP a validé que son réseau couvrait 27% du territoire. Ce qui n'est pas faux, mais Free Mobile oublie de préciser que les tests sur le terrain de l'ARCEP se sont effectués en novembre 2011. Les deux arguments qui s'opposent ne sont donc pas incompatibles, comme voudrait nous le faire croire Free Mobile.

[EDIT 25/01/2012] Les syndicats UNSA et CFE-CGC d'Orange Telecom avaient déjà dégainé parmi les premiers, et avaient tiré à boulets rouges sur Free Mobile par un communiqué commun en date du 18 janvier 2012. Les mêmes syndicats sont remontés au créneau hier et demandent officiellement à l'ARCEP d'ouvrir une enquête. Les syndicats de l'opérateur historique considèrent que « FREE MOBILE enfreint la règlementation à double titre :
  • d’une part, en ne respectant pas ses obligations de couverture de 25% en voix et 27% en data qui figurent dans son cahier des charges et
  • d’autre part, en bénéficiant de façon usurpée de l’itinérance sur le réseau de l’un des opérateurs 2G/3G alors que la condition règlementaire pour l’exercice d’un tel droit n’est pas satisfaite.

C’est la raison pour laquelle les Syndicats CFE-CGC & UNSA des opérateurs télécoms mobiles demandent à l’ARCEP d’engager une procédure à l’encontre de FREE MOBILE visant à instruire une enquête et, le cas échéant, à sanctionner les éventuels manquements de cette dernière à ses obligations règlementaires sur le fondement de l’article L.36-11 du Code des postes et des communications électroniques ».  
[FIN EDIT]

Habitant dans l'ouest parisien, j'ai pu personnellement constater courant décembre 2011 qu'un nouveau réseau était présent (cf. billet du 15/12/2011 Free Mobile prêt) sous le nom de code de 20815 (image de gauche). Aujourd'hui, même endroit, ce réseau a mystérieusement disparu (image de droite). Je pense qu'au delà de la polémique et en tant que consommateur, la simple vérification de l'existence ou non d'un réseau Free Mobile peut être effectuée par chacun de nous.
Réseau Free Mobile capté Réseau Free Mobile absent

Si vous voulez un aperçu plus global, un collectif d'internautes a effectué un véritable travail de fourmi pour établir cette carte des antennes Free Mobile sur tout le territoire français. Les points verts correspondent à des antennes en fonctionnement (confirmation terrain), les jaunes à des antennes autorisées à émettre, les rouges à des antennes en cours d'installation. On peut ainsi voir qu'à Paris, rien n'est fait.


Afficher Carte des émetteurs 3G Free Mobile sur une carte plus grande

La concurrence déloyale de Free

Free Mobile est accusé de proposer des prix cassés, financés en partie par la concurrence. La redevance de terminaison d'appel que Free Mobile perçoit est supérieure à celle de ses concurrents.

Qu’est-ce que la terminaison d’appel ? Lorsque l’abonné d’un opérateur A appelle un abonné chez un opérateur B, l’opérateur B facture à l’opérateur A des frais d’interconnexion, ou terminaison d’appel. Or, jusqu’au 31 décembre 2013, Free Mobile pourra facturer la terminaison d’appel plus cher que ses concurrents, selon une décision de l’Arcep mise en consultation jusqu’au 27 janvier. Pendant les 6 premiers mois, Free Mobile pourra facturer 2,4 centimes d’euro par minute pour la terminaison d’appel, soit 0,9 centimes de plus que ses concurrents.

Cet argument montre une mauvaise connaissance du passé. En effet, lors de son lancement, Bouygues a également bénéficié d'une terminaison d'appel plus généreuse que ses concurrents, jusqu'au .... 31/12/2011. Il ne s'agit donc pas d'une décision destinée à favoriser spécifiquement Free Mobile, mais de la poursuite de la même politique de la part de l'ARCEP.

La polémique sociale

Lancée par plusieurs syndicats d'Orange qui accusent Free Mobile de détruire de l'emploi. Le plus prolifique dans sa communication est sans conteste la CFE-CGC-UNSA qui par un communiqué de presse en date du 18 janvier 2012, dénonce pêle-mêle, titre provocateur en tête ("Xavier Niel prend-il tous les français pour des c...") :
  • Le financement de Free Mobile par ses concurrents via la terminaison d'appel.
  • La non activation du réseau Free.
  • Un commissionnement par l'opérateur de crédit.
  • De nouvelles délocalisations prévues.
  • Un lancement offert par le buzz media.

Sur le point de l'emploi, le communiqué syndical reproche a Free Mobile de faire appels à des prestataires externes (Téléperformance, WebHelp et Outsourcia), spécialisés dans les centres d'appels offshore (au Maroc).

En outre, la baisse massive du prix de l'offre proposée par Free Mobile va obliger les concurrents à s'aligner petit à petit. Pour aligner leurs prix en maintenant leur compétitivité, les opérateurs mobiles seront donc obligés à terme de délocaliser leurs centres d'appel. Pour mémoire, SFR a déjà externalisé par le passé, au printemps 2007 pour être plus précis, une partie de ses centres d'appel chez Teleperformance avec de la casse sociale. Orange fait également appel aux services de Téléperformance au Maroc. Seul Bouygues Telecoms, à ce jour, implante encore l'ensemble de ses centres d'appel en France.

Sur ce point, il est clair que le modèle appliqué par Free Mobile va impliquer des suppressions d'emplois en France. Cependant, tous les consommateurs ne vont pas être séduit par un opérateur tout web et sans boutique physique : les tranches de population les moins jeunes sont demandeuses d'un interlocuteur physique qui les aide dans leurs choix.

La perte fiscale pour l'État

Si, comme le souhaite Xavier Niel, Free Mobile fait baisser la facture de téléphonie mobile des français par deux, cela va coûter à l'Etat 4 milliards d'euros. Cette démonstration est détaillée dans un article de Challenges en date du 13/01/2012, titrant "Free Mobile va coûter 4 milliards à l'État Français". La base de ce raisonnement est de dire que si Free baisse ses tarifs, les autres opérateurs suivront. La part des communications mobiles représentait 14 milliards d'euros en 2011, sur lesquels l'État prélève 2,6 milliard d'euros au titre de la TVA. Si, le chiffre d'affaires 'communications mobile' est réduit de moitié, la TVA qui y est associée va passer à 1,3 milliard d'euros (soit un manque à gagner pour l'État de 1,3 milliard d'euro).

C'est vrai, en mathématique. Mais en économie, il est rare qu'un revenu disponible reste sans allocation. Il est fort à parier que les consommateurs qui vont avoir une facture téléphonique divisée par 2, dépensent ce pouvoir d'achat dans d'autres biens. Eux aussi soumis à la TVA. Donc le manque à gagner pour l'État est quasiment nul.

Pour arriver au chiffre de 4 milliards, le journaliste incorpore également dans son raisonnement l'impôt sur les bénéfices des sociétés. Baisse du chiffres d'affaires dans les télécommunications mobiles (réduction de moitié) et baisse des marges vont faire plonger les bénéfices des sociétés dans ce secteur.

C'est vrai arithmétiquement parlant. Dans une économie libérale non statique, les sociétés investissent là où les bénéfices sont importants, et délaissent les secteurs non rentables. Si le domaine des télécommunications mobiles devient non rentables, les sociétés vont le délaisser, la concurrence va s'amoindrir, les marges vont de nouveau augmenter et les profits grimper. Encore une fois, les sociétés comme les consommateurs ne vivent pas dans un monde statique et les acteurs économiques inter-agissent entre eux.


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