08 novembre 2014

Qui est Francois Quentin, PDG d'Huawei France ?

Portrait
Les récents débordements de François Quentin, PDG d'Huawei France lors des Assises du Numérique méritent que l'on se penche sur l'homme qui a promis à Élise Lucet « J'ai activé tous mes réseaux et Mme Lucet n'aura plus aucun grand patron en interview, sauf ceux qui veulent des sensations extrêmes ou des cours de media training ! ». Au-delà de ces propos manifestement déplacés, penchons nous sur cet ingénieur qui a passé plus de 30 ans de sa vie chez les marchands d'armes.






Une carrière au service de l'armement militaire

Né le 1er janvier 1953 à Neuilly sur Seine, François Quentin est diplômé en 1975 de l'École Normale Supérieur des Télécommunications de Paris. Il intègre Thomson-CSF en 1977 et passera 32 années à naviguer dans les méandres de l'armement militaire français (Thomson-CSF, Auxilec, Sextant, Thales Avionics). Il sera viré du groupe Thales le 14 janvier 2009 au terme d'une lutte de pouvoir au sommet, de laquelle il sortira perdant.

Candidat malheureux de Dassault à la présidence de Thales

Fin 2008, début 2009 se prépare un changement à la tête du groupe Thales. Le groupe Dassault, sollicité par l'État va prendre une participation importante (26%) dans Thales. Denis Ranque, PDG de Thales, ne souhaite pas ce rapprochement avec Dassault. Le groupe Dassault souhaite le remplacer par un enfant du sérail, François Quentin, patron de la division aéronautique de Thales.

Malheureusement pour lui, François Quentin claironnera un peu trop vite, un peu trop fort et un peu trop visiblement ses ambitions : il paradait régulièrement dans les couloirs du siège de Thales à Neuilly avec un dossier intitulé « Organigramme du groupe » tout en promettant à qui voulait bien l'entendre qu'il allait y avoir « du sang sur les murs ». Ce manque de retenue, de la part d'un candidat considéré comme volcanique au sein de la division aéronautique sera sanctionné par Denis Ranque, PDG de Thales qui le virera le 14 janvier 2009. François Lureau, PDG de Sextant Avionique dit de lui : « Il était aussi très rentre-dedans, voire un peu agressif... Pas facile à manager ! »

Officiellement « Il s’agit de donner un nouvel élan à cette activité, à la suite de la performance économique insuffisante de cette division, en particulier concernant la gestion de certains grands programmes » explique un communiqué laconique du groupe. On reproche à François Quentin des délais et des surcoûts catastrophiques sur le dossier de l'avion militaire de transport de troupes A400M. A noter que lorsque Denis Ranque débarque François Quentin en janvier 2009 avec le plein soutien de son comité exécutif. Par ailleurs, même si la sanction parait brutale en janvier 2009, elle aurait été prise bien avant ; dès novembre 2008, à la suite de l'annonce de nouvelles charges sur le programme de l'A400M.

Au service d'un champion chinois controversé

La transition d'un leader français de l'aéronautique et de l'armement à la filiale française d'un opérateur chinois de télécoms est perçue par certains comme une réaction de dépit face à son limogeage chez Thales. Car l'homme a subi un traumatisme à cette occasion, traumatisme qu'il masque mal « Trente-cinq ans dans le métier... j'ai suffisamment donné dans l'aéronautique ».

Même dans sa position de défenseur de l'image d'Huawei en France, il est mal à l'aise. Huawei est une entreprise très controversée. Or François Quentin botte en touche ou n'avance que des faux-semblants devant les arguments des contradicteurs du géant chinois, « j'ai accepté ce poste pour que justement cessent ces questions non pertinentes » dixit François Quentin. Exemples choisis :
  1. l'accusation de maquillage des comptes : il l'évacue arguant de la certification des comptes d'Huawei par KPMG depuis plus de dix ans. On peut aisément lui répliquer qu'Enron et Arthur Andersen avaient également leurs comptes certifiés, ce qui ne les a pas empêché ni de les maquiller ni de faire faillite.
  2. l'espionnage du monde occidental pour le compte des autorités chinoises : François Quentin répond « Parce que nous sommes une entreprise d'origine chinoise, nous avons été soumis à plus d'audits que vous ne sauriez imaginer, et nous avons publié un Livre blanc sur la cybersécurité, en 2012, dans lequel nous prenons des engagements fermes ». Les sociétés qui ont déjoué des audits sont légion et publier un livre blanc sur la cybersécurité n'a jamais été un gage de bonne conduite. Par ailleurs de nombreuses commissions gouvernementales se sont prononcées à travers le monde pour souligner le caractère risqué que représente l'utilisation d'équipements de télécoms chinois.
  3. l'espionnage des autres fabricants de telecoms : François Quentin répond « Nous sommes le quatrième déposant de brevets dans le monde depuis des années ». Il oublie de préciser qu'Huawei est régulièrement l'objet de plaintes à travers le monde, de la part de ses concurrents (Cisco, Motorola, ZTE) ou des institutions (Commission Européenne) pour violation de brevets, pratiques anti-concurrentielles, corruption ou pratiques commerciales douteuses.


Ce portrait a été réalisé à l'aide des publications suivantes :

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